Obsolescence programmée: Epson fait l'objet d'une enquête

Posté le: 28-12-2017 17:02:44

Cette enquête préliminaire visant le fabricant d'imprimantes est menée par le parquet de Nanterre.
Elle fait suite à une plainte déposée par l'association HOP au mois de septembre dernier.

Vidéo et article du Figaro

D'autres fabricants (Canon, HP, Brother) sont aussi dans le colimateur.

Confused

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Ca tout le monde sait depuis longtemps. Quand tu vois par ailleurs que pour certains modèles encore vendus tu trouves même pas le logiciel adapté pour windows 10...

Posté le: 29-12-2017 20:27:40

En cette fin d'année, les média semblent soudain découvrir l'obsolescence programmée, phénomène pourtant très ancien.
Les posts simultanés de Lustucru et Mimile sur ce sujet citent une des techniques de vieillissement artificiellemnt prématuré de produits.
En réalité, il est généralement admis qu'il a SEPT type d’obsolescence programmées(extraits d'un article publié en 2011).

1- Réparation onéreuse
Si, en cas de panne, le coût de réparation - constitué du prix de la pièce de remplacement, du coût de la main d’œuvre et des frais de transport -, s'avère supérieur au prix d'un appareil neuf vendu dans le commerce, personne ne fera réparer l'appareil endommagé.

2- Obsolescence par péremption
Les aliments et les boissons ainsi que les produits cosmétiques, pharmaceutiques et chimiques ont une date limite de consommation/utilisation (DLC) et/ou une date limite d'utilisation optimale (DLUO).
La DLUO indique la date au-delà de laquelle le produit ne fournit plus ses qualités optimales tandis que la DLC fixe la date ultime de consommation/utilisation sans risque.
L'ignorance de la différence entre DLUO et DLC peut soit entrainer des mises à la poubelle prématurées, soit des prises de risques inconsidérées.

3- Obsolescence indirecte
Certains produits, bien que totalement fonctionnels, ne sont plus utilisables simplement parce que leurs produits associés (dont les "consommables") ne sont plus disponibles sur le marché.
L'exemple le plus flagrant concerne les téléphones mobiles : un appareil en parfait état est à jeter simplement parce que racheter une batterie neuve serait économiquement non rentable.
De la même façon certaines imprimantes deviennent de facto obsolètes lorsque le fabricant cesse de produire les cartouches d'encre spécifiques à ces modèles.
L'arrêt de la production de pièces détachées est un levier puissant à la disposition des industriels. Le choix d'abandonner la production ou la commercialisation des produits annexes (cartouches, pièces détachées, batteries, etc.) complique la tâche de maintenance et de réparation, jusqu'à la rendre impossible.
Une telle pratique est appuyée par la non-communication des spécifications, et la lutte juridique au travers des brevets pour empêcher un tiers de satisfaire la demande volontairement créée par l'industriel.

4- Obsolescence par notification
Proche de l'obsolescence indirecte, l'obsolescence par notification est une forme évoluée d'"auto-péremption".
Elle consiste à concevoir un produit de sorte qu'il puisse lui-même signaler à l'utilisateur la nécessité de réparer ou de remplacer, tout ou partie.
Reprenons l'exemple des imprimantes.
Pour la plupart, elles envoient un avertissement de "cartouches vides". En soi, ce signal est utile pour permettre à l'utilisateur de ne pas tomber en panne d'imprimante un dimanche après-midi. Mais, quand on sait que les constructeurs d'imprimantes "grand public" ne font de réels bénéfices que sur les cartouches, ils ont tendance à envoyer le signal trop tôt.
L'obsolescence de la cartouche n'est plus strictement induite par le manque d'encre mais par la notification de l'appareil lui-même (fixée par le vendeur).

5- Obsolescence par incompatibilité
Principalement observée dans le secteur du multimédia, cette technique vise à rendre un produit inutilisable par le fait qu'il n'est plus compatible avec de nouveaux standards (par ex. le CD audio, DCD, BlueRay, la télévision numérique, ...).
Ne pas assurer la compatibilité "du passé" provoque des mises au rebut artificielles.

6- Obsolescence esthétique
C'est la plus ancienne - et la plus universelle - des "obsolescence programmée".
La subjectivité des critères d'élégance a, depuis la nuit des temps, pris le pas sur l'objectivité fonctionnelle de nos atours, et pas seulement chez les dames Smile

.
C'est le phénomène de "mode". Les objets concernés par cet aspect, perdent toute utilité simplement parce qu'ils ne sont plus "à la mode".
Les vêtements, chaussures et accessoires vestimentaires ne sont plus - loin de là - les seuls produits à voir leur durée de vie raccourcie de la sorte. Les voitures, GSM, téléviseurs, ordinateurs personnels, etc. obéissent aux phénomènes de mode.

7- Obsolescence par lobby
" Last but not least ", c'est le type d'obsolescence le plus anti-démocratique (pour ne pas dire : totalitaire).
Il s'agit ici pour les fabricants de convaincre les "autorités" gouvernementales d'imposer aux citoyens le remplacement/achat de tel ou tel produit.
L'exemple récent le plus célèbre est le remplacement forcé des lampes à incandescence par les ampoules fluocompactes.
En France, le passage obligé à la télévision numérique terrestre n'est pas mal non plus Wink

Un peu d'histoire ..

L'expression "obsolescence programmée" (planned obsolescence, en anglais) apparaît en 1932 aux États-Unis, en proie à la "Grande Dépression" (1929-1940).

Mais elle prend son réel essor après la seconde guerre mondiale, au milieu des années 1950, en conférant au "design" le rôle de démoder rapidement les produits.
Et elle est popularisée par un des pères fondateurs du design industriel, Brooks Stevens.
Ce dernier souhaite non pas concevoir des produits de mauvaise qualité, mais faire en sorte que le consommateur soit amené à les renouveler tous les ans, entraîné par un phénomène de mode.
Dès lors, il produit de nombreux objets (voitures, motos, tondeuses, aspirateurs, grille-pain, etc.) dont les modèles sont sans cesse renouvelés.
Pour lui, il faut "inculquer à l'acheteur le désir de posséder quelque chose d'un peu plus récent, un peu meilleur et un peu plus tôt que ce qui est nécessaire".

Bien entendu, pour que cette stratégie fonctionne, il faut "bombarder" le grand public d'informations "tentatrices", d'où le développement débridé de ... la publicité :

" ... l'idéal de la publicité est un univers de biens jetables, où l'on se débarrasse de choses dès qu'elles ont perdu leur attrait initial ... "
(Christopher Lasch, 1996)

Rien de nouveau sous le soleil, hélas ...